LANTERNE #0
- Clément

- 7 juin 2024
- 3 min de lecture
La mort, le funèbre et tout ce qui s'en réfère a toujours fait couler de l'encre, et cela depuis la nuit des temps. Elle fascine, elle impressionne, elle effraie si ce n'est qu'elle terrorise. Dans certaines cultures, comme la nôtre, la mort est tabou, comme si le fait d'en parler agirait comme un sifflet capable d'appeler la Faucheuse et ainsi nous conduire droit vers la tombe. Dans d'autres cultures, perdre un proche est une fête que toute la famille célèbre avec sourire, joie et souvenirs.
Dans cet univers autour de la mort, qui pour beaucoup semble morbide, agissent des femmes et des hommes qui, à défaut de fuir cette funeste mais inévitable chose, en ont fait leur amie. Croquemorts, corbeaux, les gars en noirs, le personnel du funéraire, fossoyeur, bien nombre de termes servent à les désigner, pouvant parfois sonner de façon péjorative dans la bouche de certains. La célèbre phrase du "Il en faut, hein ?", que nombre de professionnels ont déjà entendu lors d'un repas, d'une soirée, en annonçant son métier, témoigne aussi d’une distance entre les exerçants et les autres. Personnellement, cela ne me dérange aucunement d'être "à part", parfois de repousser les gens comme si en me parlant ou en me touchant j'allais les maudire ou je ne sais quelle autre idée farfelue. J'aime mon métier, comme énormément de mes confrères, et beaucoup, si ce n'est une très grande majorité, ne parviennent pas à comprendre lorsque nous parlons d'exercer une véritable passion. "T'es glauque", "Ah ouais...?" suivi d'un silence gêné. Pourtant, nous répondrons avec un sourire (la plupart du temps). Mais rendons hommages aux néophytes qui, pour la majorité, se passionnent de nos histoires lorsqu’ils découvrent notre identité. (Merci à vous).
Après la sortie de mon site Paroles Immortelles, puis l'ouverture du Blog funéraire, une idée m'est venue : et si je faisais découvrir ces femmes et ces hommes, toujours dans l'ombre, dont les médias ne parlent que lorsqu'un scandale est à l'horizon, à ceux qui prendraient le temps de lire ces quelques paragraphes ? En cette époque où la gentillesse passe après le profit, où le plus fort se doit d'écraser les faibles et que l'empathie n'est qu'une marque de faiblesse pour certains, le métier du funéraire est criant d'exemples, aussi merveilleux qu'outrageux, emplis de leçons de vie. Je n'ai aucun mal à écrire, en gras et en majuscule, que c'est dans le milieu funéraire, ce milieu noir et flippant, que j'ai rencontré les femmes et les hommes les plus HUMAINS et GÉNÉREUX de toute ma vie. Ces personnes là que j'appelle aujourd'hui des Lanternes.
L'image de la Lanterne pour décrire ceux qu'on appelle souvent Croquemorts me semble bien plus représentatifs de ce que sont les professionnels du funéraire. Représentation très éloignée de cette légende urbaine racontée de génération en génération qui expliquerai qu'ils mordaient les orteils des morts pour s'assurer qu'ils l'étaient bels et biens. Spoiler alerte : c'est totalement faux.
Une lanterne, c'est un objet ancien, comme le métier du funéraire.
Une lanterne, elle protège une lumière, comme les professionnels du funéraire qui deviennent les gardiens des défunts lorsque la famille leur confie leur proche.
Une lanterne brille doucement dans la nuit, elle éclaire sans aveugler, elle guide avec douceur et montre la direction, comme les professionnels du funéraire auprès des endeuillés.
Une lanterne, c'est discret, même si c'est elle qui porte la lumière et qu'elle est essentielle, on ne remarque que la lumière qu'elle contient, et pourtant, cela lui convient, à cette petite lanterne.
Rien que tout ces petites images, ces petites comparaisons me font rapidement adopter le terme de Lanternes, à la place de Croquemorts. Je ne cherche pas ici à le faire populariser, mais juste à apporter un peu de justice, un peu de beauté à ce que font les professionnels du funéraire. A retirer ces orteils imaginaires de nos bouches et à comprendre qu'être une Lanterne, un Croquemort, un professionnel de funéraire, c'est BEAU.
Après ce petit article introductif essentiel, je partagerai avec vous tous des témoignages de mes confrères, de ces petites Lanternes qui auront su éclairer la nuit de milliers de gens perdus dans l'obscurité.
Clément




Commentaires